Les attentes du bénéficiaire âgé
par Guylaine Hudon le 2016-09-13
Je suis votre aîné. Respectez-moi scrupuleusement.
Ne me tutoyez pas, cela me dévalorise vraiment.
Je m’appelle monsieur, madame ou mademoiselle. Je veux garder mon titre jalousement.
À tous les intervenants, je demande « regardez mes besoins particuliers de santé attentivement.
Je suis en perte d’autonomie mais je ne diffère pas des autres nécessairement.
Si je perds la notion du temps, rappelez-moi la date, le jour et l’heure correctement.
J’ai beaucoup d’expérience de la vie. Permettez qu’à l’occasion je vous jase gentiment.
Quand il m’arrive de me confier à vous, ne répétez pas mes paroles frivolement.
Lorsque vous êtes deux dans ma chambre, ne parlez pas de tout et de rien, cela me dérange vraiment.
Il y a des jours où je suis malade et grincheux; pensez que je suis âgé, inutile d’être impatient.
Je suis sensible à tous; ne me méprisez pas impertinemment.
Le matin, réveillez-moi doucement et poliment.
J’aimerais bien que mes dentiers soient lavés tous les jours soigneusement.
Les mets que l’on me sert doivent convenir à mes besoins et être appétissants.
Donnez-moi à boire, si j’en suis incapable moi-même. L’eau rafraîchit ma bouche et m’aide à m’hydrater, forcément.
Dans ma chambre, ne déplacez pas mes objets personnels; pour moi c’est une cause de grand dérangement.
Lorsque la fatigue et l’épuisement viendront, aidez-moi à récupérer progressivement.
Laissez-moi vivre, laissez-moi penser, laissez-moi aller.
Il m’arrive de prier et de méditer. Sachez respecter la nécessité de ces moments.
Lorsque vous me couchez pour la nuit, couvrez-moi les épaules complètement.
Quand je suis au lit, n’allumez pas le plafonnier inutilement.
Une bonne parole, un sourire, un petit service me comble de joie à chaque instant.
Lorsque je serai à mon dernier soupir, j’aimerais bien que quelqu’un me serre la main doucement.
Soyez là, attentif, sécurisant, l’œil ouvert à tout changement.
Une caresse, une petite tape sur l’épaule, aide à améliorer la relation nous concernant.
Vous pouvez toucher mes rides, elles ne sont pas contagieuses, seulement un signe de vieillissement.
J’ai besoin de protection contre la solitude. Le contact humain est un remède à l’isolement.
Mes visiteurs, mes amis, cela me concerne moi seule, ne dérangez pas mon intimité sournoisement.
L’amitié, la compréhension, la sécurité, voilà de quoi stimuler un peuple vieillissant.
On dit souvent « C’et le ton qui fait la chanson. » j’espère ne pas être trop exigeant.
Cécile Duval