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Ma rencontre avec Irma Dijon
par Guylaine Hudon le 2020-05-27

Chapitre 8

Ce texte est une fiction.

Pendant que les mesures d'urgence internationale s'appliquaient en cascade, j'étais absente et paralysée, je pleurais ma mère, mon père, ma fille adorée et combien de nombreux amis, mes étudiants et mes connaissances... et les millions de disparus dans le gouffre océanique.

Au matin du 29 janvier 2027, je reçu un appel d'un ami très cher avec qui j'ai étudié il y a longtemps. Mon ami Jack Bloodworth, archéologue américain et recteur de l'Université de Stockholm en Suède m'invita à m'installer dans son université tout le temps qu'il faudra pour survivre à cette nouvelle réalité imposée par Gaïa. Ne sachant pas trop comment sortir de ce cauchemar, j'acceptai l'invitation de Jack. Lui et moi sommes de vieux complices; nous correspondions depuis une trentaine d'années et il conservait une copie de toutes mes publications scientifiques. Je prenais conscience qu'outre ma famille disparue... ma résidence, mon bureau, mon pays... tout était évaporé.

Je fus heureuse de rejoindre Jack à Stocholm.

- Antoine, je vais faire une pause si tu le veux bien. Le temps de me rafraîchir, veux-tu voir ma bibliothèque? OSCAR t'indiquera le chemin et profites-en pour faire le tour de l'auberge.

J'acquessai. La bibliothèque occupait tout le sous-sol. Un mur vitré de part en part offrait une vue sur l'océan et une grande terrasse ombragée invitait à la détente. Je vis un ancien bureau en bois, sans doute un travail d'ébéniste d'un siècle passé. Des feuilles de papier empilées laissaient entrevoir un travail en cours. Irma Dijon écrivait-elle à la main?

Le plus impressionnant était tous ces livres papier. Peut-être des milliers? Il me sembla que tous étaient des écrits scientifiques classés selon l'année de parution. Ouf... des éditions datant de 1420 à 2042, année qui marqua la fin des éditions en format papier dans le monde entier. Irma Dijon aurait-elle lu tous ces milliers de livres? On parlait souvent de son érudition dans les notes biographiques. Stupéfait, je demandai à OSCAR 2 si cette bibliothèque était archivée? Une copie numérique existe dans la banque centrale me répond-il.

La voix de mon hôte me ramena de mon étonnement.

Chapitre 9

- Tu dois te demander si j'ai lu tous ces livres? La réponse est oui et non. En 2027, j'ai perdu toutes mes archives matérielles, tant professionnelles que personnelles. À partir de 2035, j'ai commencé à reconstituer une bibliothèque essentiellement consacrée à l'histoire des sciences universelles. Je voulais une bibliothèque à l'ancienne avec des livres en papier. Pour le reste, les ordinateurs compilaient presque toutes les connaissances connues. Ces livres sont une sorte de réconfort et un décor qui reflète ma passion inaltérable pour l'intelligence humaine.

- Asseyons-nous à la terrasse. Un drone serveur déposa un pichet de limonade avant même que nous formulions la demande. Irma Dijon enchaîna pour dire qu'elle aimait bien ce drone. “À chaque fois que je m'installe à la terrasse, il m'apporte toujours un rafraîchissement... encore la magie d'OSCAR.”

- Antoine, pendant ma pause j'ai constaté que quelques heures ne suffiront pas à répondre à ta question initiale sur ma rési-lience. Alors est-il possible que tu puisses demeurer à La silencieuse quelques jours? Tes parents pourraient venir se joindre à nous pour un souper à la californienne d'antan? Qu'en dis-tu?

- Oui avec un grand plaisir!

- OSCAR transmet l'invitation aux parents d'Antoine Exupéré Jr. et réserve un appartement. Merci Antoine, je me suis rendu compte qu'il y a presque deux ans que je n'ai pas quitté mon refuge. Ta venue est une belle surprise pour moi. Et comme j'ai toujours aimé les jeunes gens en pleine évolution intellectuelle, tu me rappelles de nombreux beaux souvenirs de professeure. Saches que je ne veux t'obliger en rien. Je suis une vieille femme à la fin de sa vie. Mon âge vénérable aura raison de mon corps dans un avenir compté. C'est une belle coïncidence que tu sois là au même moment où je termine mon autobiographie complète. Il me restera seulement à ajouter ma rencontre avec Antoine Exupéré Jr. et son agréable compagnie.

Elle déposa son bracelet sur la table.

- Où en étais-je dans mon récit?

- Vous arriviez à Stockholm chez votre ami Jack...

- Toujours ma résilience n'est-ce pas?

Guy Laprise

(le chapitre 10 suivra dans la prochaine parution de votre journal)




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