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Bibliothèque Jean-Paul Bourque - Le livre et la censure
par Guylaine Hudon le 2018-03-27

Nous connaissons ou du moins avons tous entendu parler de l’Index, cette liste de volumes interdits par l’Église catholique. De 1545 à 1966, sous peine de péché mortel, les fidèles se sont vu interdire la lecture de milliers d’ouvrages jugés immoraux ou contraires à la foi.

Toutefois, l’Église n’a pas été la seule institution à avoir voulu contrôler des écrits par la censure, geste qui aujourd’hui serait sans doute considéré comme une atteinte à la liberté d’expression. À cet égard, il suffit de se rappeler que l’Allemagne nazie avait fait disparaître tous les ouvrages écrits par des auteurs juifs et que l’URRS avait condamné tous ceux critiquant le communisme.

Afin de nous sensibiliser à la réalité de la censure, le Réseau Biblio a préparé une sélection de 13 livres illustrant bien ce que certains entendent comme contraires aux bonnes mœurs ou encore à la rectitude politique. Parmi les auteurs anciens, nous y retrouvons Jean-Jacques Rousseau et L’État de guerre. Pour ce qui est de Molière et de sa pièce Le Tartuffe, l’Église a obligé le roi à l’interdire parce qu’elle dénonçait notamment la fausse dévotion.

Au Québec, le climat politique et la morale ont aussi eu un rôle dans le jugement porté sur le livre. Ainsi, le recueil de poésie L’homme rapaillé de Gaston Miron a fait l’objet d’une tentative de censure parce que l’auteur, lors de la crise d’octobre en 1970, a été arrêté. Dans un autre ordre d’idée, Christine Brouillet a vu en 1994 son roman Marie Laflamme éliminé de la liste des lectures suggérées par les enseignants du Collège Jean-de-Brébeuf parce que l’on y parlait notamment d’agression sexuelle.

Saviez-vous qu’il existe aux États-Unis une semaine des livres bannis (Banned Books Week) où l’on encourage les Américains à lire les ouvrages qui sont victimes de censure, d’interdiction ou encore de rejet. En effet, des milliers de livres sont retirés encore aujourd’hui des bibliothèques publiques, des écoles et des librairies de certains États parce que, par exemple, on utilise un langage jugé offensant ou que l’on y décrit des scènes sexuellement explicites. Ainsi en est-il de Cinquante nuances de Grey, retiré des bibliothèques de Floride parce que jugé pornographique.

La littérature Jeunesse fait également l’objet d’interdits. Ainsi, une école de Laval pour jeunes en difficulté a rejeté la bande dessinée Les nombrils en argumentant que la minceur des personnages aurait pu encourager l’anorexie chez certains de ses élèves. Et que penser de cette décision de plusieurs bibliothèques de la Grande-Bretagne d’exclure le roman Sacrées sorcières de Roald Dahl sous prétexte que l’on y retrouvait une description mysogine des sorcières. Le roman Harry Potter a également été critiqué par les autorités religieuses américaines et a fait l’objet de nombreux appels à l’interdiction dans les écoles et les bibliothèques pour son contenu soi-disant occulte et satanique.

Même Tintin au Tibet en 1993 a été retenu aux Douanes canadiennes pendant 93 jours parce que soupçonné d’être obscène, séditieux et haineux.

Comme on peut s’en rendre compte, nombre de raisons peuvent être invoquées pour exclure un livre, le comdamner, ou tout simplement en désapprouver le contenu. Pourquoi ne pas consulter l’un des 13 exemples proposés par le Réseau Biblio pour réfléchir à ce droit fondamental si précieux qu’est la liberté d’expression?

Claire Lacombe



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